Salut a tous
Le développement du B‑17 (Flying) [1] Fortress repose sur un mensonge et deux illusions.
Le mensonge, c’est de faire croire à tout ce qui est extérieur à l’Air Corps qu’il ne s’agit que d’une arme purement défensive, alors que ses stratèges élaborent une doctrine fondée sur la pénétration profonde en territoire ennemi afin d’en détruire le potentiel industriel et de saper la volonté de la population à poursuivre les combats. Mais en cette époque d’isolationnisme et de budgets serrés, c’est, pour ainsi dire, de bonne guerre.
Les deux illusions, en revanche, seront bien plus dangereuses et coûteront très cher en matériel et en vies humaines. Elles consistent à imaginer que des formations de « forteresses volantes » peuvent survivre dans un environnement hostile et que, grâce à la précision de leur bombardement, elles sont capables de traiter un objectif en une seule fois sans besoin d’y revenir.
Les douze premiers mois de la guerre démontrent que, en effet, le B‑17 est un avion robuste, difficile à abattre par des chasseurs japonais qui n’ont jamais été conçus pour contrer une telle menace. La RAF, qui fait face à une aviation de chasse plus puissamment armée, aura une vue très différente des choses…
Cependant, le faible nombre d’avions engagés, souvent dans les pires conditions, ne permet pas de tirer la moindre conclusion sur son efficacité. Si l’état-major de l’Air Force avait pris pour argent comptant les rapports des aviateurs engagés à Midway, il en aurait conclu que la quasi-totalité de la flotte japonaise avait été coulée par les B‑17 ! Au moins, on ne pourra pas reprocher à leurs équipages un quelconque manque d’enthousiasme.
Toutefois, au moment où volent les premiers B‑17, le seul et unique souci de l’Air Corps, c’est que cet appareil, dont il a absolument besoin pour prouver le bien-fondé de sa stratégie, parvienne à survivre à l’acharnement combiné de l’Amirauté et du ministère de la Guerre, bien décidés à avoir sa peau, chacun pour ses propres raisons.
Le Boeing B‑17 Fortress rejoint ainsi au panthéon des avions mythiques de la Seconde Guerre mondiale tous ceux qui, comme le P‑51 Mustang, le Spitfire et le Bf 109, ont failli ne jamais exister – alors que lui, en plus, comme on le verra dans le second opus, a bien failli disparaître en cours de route.
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